TENNIS : DE DAVIS À LA COUPE
Au début du XXème siècle, seules deux grandes compétitions sportives ont une aura mondiale : la Coupe de l'America depuis 1851, en voile, avec son mythique trophée, l'Aiguillière d'Argent, son règlement, le « Deed of Gift », qui ne tient que sur une page et les Jeux Olympiques de l'ère moderne, remis au goût du jour par le baron Pierre de Coubertin en 1896. Mais le jeune américain Dwight Filley Davis a une autre idée en tête...
Dwight Filley Davis
« Populariser le jeu »
Né dans le Missouri en 1879, alors étudiant en droit à Harvard, il parcourt les Etats-Unis et remporte de nombreux tournois de tennis. Ce valeureux gaucher, surnommé « le Cyclone d'Harvard » veut « populariser le jeu » avec une idée en tête : créer une compétition annuelle sous forme de tournoi amical face à la Grande-Bretagne.
Avec l'aide du président de la Fédération américaine de tennis, il écrit à la Fédération britannique une lettre envoyée l6 janvier 1900 proposant « un trophée qui serait une sorte de coupe internationale appelée International Lawn Tennis Challenge. Les règles, jusqu'à présent inchangées (quatre simples et un double, joués en cinq sets) sont publiées dans le magazine Lawn Tennis and Croquet.
Sa première édition se déroulera du 8 au 10 août 1900 à Boston, mais elle ne prendra son nom actuel (Coupe Davis), qu'à la mort de son fondateur en 1945.
Un saladier en récompense.
A la fin du XIXème siècle, le tennis est surtout réservé à une élite, composée essentiellement de diplomates. Il lui faut donc un trophée à hauteur de ses ambitions. Dwight Davis s'inspire de la Coupe de l'America pour créer le saladier d'argent.
La légende voudrait qu'il ait « emprunté » celui de sa grand-mère. En fait ce trophée a été commandé chez Shreve, Crump and Low, un prestigieux orfèvre installé à Boston depuis 1796, pour mille dollars de l'époque. Il ressemble à un énorme bol de punch de 7 kilos, dont 6,75 en argent massif, et mesure au début 33 centimètres de haut. Son créateur ne se doute pas encore qu'au fur et à mesure seront gravés le nom de l'équipe victorieuse sur le plateau. Entre 1921 et 2004, des plateaux seront ajoutés pour finir par mesurer 1,10 mètres de haut et peser 105 kilos !
1ère coupe de l'International Lawn Tennis Challenge
Qui dit Coupe Davis, dit Mousquetaires.
Borotra, Cochet, Brugnon et Lacoste, surnommés les « Quatre Mousquetaires », disputent quatre fois de suite la finale de la Coupe entre 1923 et 1926 pour finalement la remporter pour la première fois l'année suivante. Mais la France ne dispose pas encore de structures de renommé internationale.
En 1928 qu'Emile Lesieur se porte garant de l'acquisition d'un terrain destiné à la construction de courts de tennis pour accueillir la première finale de la Coupe en France. Mais il émet une condition : que cette enceinte rende hommage à son ami Roland Garros, pionnier de l'aviation française, disparu lors de la Première Guerre mondiale. Ce terrain vit les exploits des Mousquetaires qui remportèrent les cinq éditions suivantes.
Les Mousquetaires victorieux en 1927
Quel avenir pour la coupe ?
Outre quelques légères modifications au niveau du règlement (attribution de points pour le classement ATP des joueurs entre 2009 et 2015, suppression du « tie-break » (jeu décisif au cinquième set, ...), répartition par poules,... la Coupe n'a, dans son ensemble pas beaucoup changé depuis ses débuts.
En 2017, avec pas moins de 134 nations participant à l'épreuve, elle prend le nom Coupe du Monde de tennis, tout comme son équivalent féminin, la Fed Cup. Mais David Haggerty, Président de la Fédération Internationale, et Bernard Giudideccelli, Chairman de la Coupe Davis à l'International Tennis Federation (ITF) verraient d'un bon œil un réaménagement de la compétition : étalée sur une seule semaine (au lieu de quatre tours étalés sur l'année calendaire), 18 équipes réparties en six poules de trois et un « prize money » (montant total des gains) de 20 millions de dollars. Une décision qui ne semble pas faire l'unanimité... En d'autres termes : l'argent ou la tradition !
La Coupe Davis
par Florian GALTIER
avril 2018